Cécile SAVELLI 

Les peintures de Cécile Savelli s'attachent à l'espace intime et aux mondes intérieurs. Son oeuvre est une projection qui donne à voir une expérience sensible, elle est autoportrait autant que portrait de famille, d'animaux ou de « demeure ». C'est une communauté affective qui semble se présenter au regardeur, un cercle ouvert à l'imaginaire dans lequel l'artiste et ses proches habitent l'espace pictural aux côtés de chiens, de chats, de tortues, mouettes, orang-outangs, lapins ou autres oiseaux... Les tableaux sont des foyers, ils se matérialisent d'ailleurs parfois sur des éléments directement extraits de l'intérieur : chiffons, toiles cirées, rideaux... Ils prennent aussi pour sujet les espaces quotidiens, entrée, guéridon, canapé... Dans le travail de Cécile Savelli, le lieu du domestique est un paradoxe, il est une zone d'ancrage, de réconfort, en même temps que l'endroit d'un enfermement, d'un assujettissement, voire d'une expression manifeste de violence. À travers sa peinture, cet espace ambivalent qui échappe au regard social et reflète la vie sans filtre est donné à voir avec une précision teintée de fausse naïveté.





Une déconcertante fraîcheur
Michel Nuridsany

Elle n'est pas calme, pas modeste, pas réservée. Pas douce non plus, comme on pourrait le croire un peu vite quand, sans la connaître, on entend sa voix sans ombre, quand on la regarde bouger avec mesure. Pas modérée, pas pudique, pas discrète non plus. Otez-vous tous ces mots de l'esprit. Pas effacée. Oubliez ce qu'une première impression peut avoir d'évident.

Lire la suite





Monkey Business
Céline Lubac, 2017

Il y a dans ces personnages poilus quelque chose de l'ordre du pinceau, de la brosse à poil, du poil à gratter, et alors, dans ces démangeaisons de surface, se cachent les désordres et les libérations de la peinture. Ces êtres graciles sont des êtres mis à plat, et pourtant bien campés sur leurs pieds. Ils possèdent la légèreté de geste des quadrupèdes et l'anthropomorphisme des bipèdes. Ils ne peuvent qu'intéresser la peinture. Si on leur demandait d'étendre leurs bras cela formerait une croisée, étoile à cinq branches, avec la tête, qui se prend aux branches et qui s'agrippe. La première toile tendue. La surface poilue. Le fait-divers.

Lire la suite






Cécile Savelli par Lise Guéhenneux

D'où vient le désir de formes dans la pratique de Cécile Savelli ? Quels sont ses matériaux ? Sont-ils issus de l'art, du quotidien ? Peut-être des deux ? Et finalement, quel est son rapport au monde ?

Le papier, la toile, mais aussi les torchons et les toiles cirées fleuries sur lesquelles elle cherche l'expérience, mais aussi le chemin, dans la ville, ses bruits, ses couleurs, ses lumières et son ciel, dessinent tout un vocabulaire que saisit l'artiste pour parler de cette frontière, de matières toujours mouvantes, entre intérieur et extérieur. L'intérieur de l'atelier permet à une pratique de révéler toute la part de sombre qui surgit, alors que l'on manipule les objets traînant là, et de projeter toutes les constructions possibles, lorsqu'un aplat bleu avec un pan d'ocre devient un prélèvement de l'espace extérieur, un pan de mur sur le ciel, lorsque des entremêlements d'un motif sous-jacent naissent des compositions où l'espace se resserre autour des figures pour leur y faire exécuter un geste. Puis, le temps s'emballant des séquences se créent, des corpus d'images, une collection de familles autonomes dont les liens s'opèrent sans autorité quelconque de l'oeuvre d'art, une sorte de simplicité et d'énergie qui en fait sa force. Serait-il utile de dire ici, que c'est un art recherchant un espace-temps qui ignore l'idéologie de la
perspective, la norme, les repères.
Ses contraintes sont celles que crée la situation.

Lise Guéhenneux, 2011, in Carnet de bord 2009-2015, Catalogue La Vigie Art Contemporain, Nîmes






L' art de Cécile

L'art de Cécile est précis.
L'art de Cécile nous piège pour notre plus grand bonheur ; il nous « ballade ».
L'art de Cécile n'est pas « expérimental », il est expérience.
Cécile sait des choses que nous ne savons pas et elle nous les balance sans la moindre sensiblerie mais non sans une certaine tendresse. Elle nous donne l'heure avec des tartes à la crème, elle nous donne des directions qui soudain dégoulinent.
Elle passe de la forme à l'informe sans perdre le fil.
Ces dessins ne s'embarrassent pas du haut, du bas, de la figure ou de la « non-figure ».
Ils nous emmènent très près, très loin.
L'art de Cécile est précis
Cécile est une artiste libre.

Judith Bartolani, 2009