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| OLIVIER AMSELLEM, La poétique du bord
Entretien entre l'architecte - Rudy Ricciotti - et le photographe.
0. A: Comment est né le MUCEM dans cet espace de terre, de mer et de vide ? la proximité du fort et sa brutalité t'ont certainement séduit ?
R. R: La difficulté d'être de l'architecture face à la masse historique et à l'horizon métaphysique de la Méditerranée est la seule verticalité réelle. Le MUCEM par sa filiation orientaliste lointaine n'est pas dans la rivalité avec le Fort St. Jean. Il cherche la dématérialité. Voilà la relation du MUCEM au contexte.
0. A: Sur les 166 KM de cote que j'ai parcouru entre la Ciotat et les Saintes Maries de la mer, j'ai le sentiment que notre littoral est l'un des plus diversifié de la planète, avec ses salins, ses falaises, ses plages, ses usines, ses étangs, ses viaduc, il y a même un tunnel à corbières qui passe sous le Rove et rejoints Berre, dessiné par Castel au début du siècle.
Mais la moitié de ce territoire reste difficile d'accès entre le Mugel et Méjan, ou inondable et presque prêt à disparaître en Camargue, crois-tu que finalement ce paramètre surnaturel soit le dernier et unique rempart, un allié contre la médiocrité urbaine et l'envahissement qui nous dévore petit à petit ?
R. R: Les parcs nationaux et la crise économique sont les derniers remparts contre la médiocrité.
0. A: Si je te donne à choisir entre un week-end sur la plage de Port-Saint-Louis sans eau ni électricité et pieds nus dans une habitation faite de bouts de bois, d'objets de récupération, de tôle que l'on ramasse et qui finalement créent une oeuvre unique et poétique, fragile parfois éphémère, ou bien un week-end dans une belle maison de la côte bleue construite la semaine dernière et qui s'appelle : «les terrasses sur l'eau», qu'est ce que tu choisis ?
R. R: Si je suis bien accompagné, je choisis un week-end dans l'un, suivi d'un week-end dans l'autre. Je te signale que les cabanons de Port St. Louis je connais, j'y ai habité et vécu toute ma jeunesse. C'était l'époque où l'on plongeait dans le port entre les cargos depuis les grues. On était entre copains et on se foutait dans l'eau en jeans, torses nus, seules les savates en corde restaient sur le quai. Mais les hydrocarbures du port ne nous gênaient pas... Ça nous faisait rire quand l'un de nous avait du mazout sur la gueule... Véridique !
O. A: Finalement qui polluent le plus ? les constructeurs ou les habitants ?
R. R: Le volume réglementaire opposable est plus dommageable que les acteurs ou utilisateurs.
La sur-réglementation développe au-delà de l'enlaidissement une inflation de l'empreinte environnementale ; c'est là que doit se situer le débat environnemental.
C'est la question du niveau élevé de confort qui est en crise et qu'il faut remettre en cause.
Les promoteurs sont des iconoclastes d'avantage au service du pervers immédiat que de la passion refoulée. Mais cela est-il immuable ? De toute façon le jour venu l'archange Gabriel jugera les Caligulas de l'immobilier.
O. A: Je suis assez pessimiste sur notre génération que je qualifie de générationplaco, mais je me bats pour celle à venir, a ce sujet, ne penses tu pas qu'il soit important d'apprendre dès le plus jeune âge à nos enfants, la notion d'espace, d'architecture et d'urbanisme ? Moi ça me gonfle que dans toutes les listes politiques il y ait des verts, comme si c'était une mode, alors que l'éducation nationale ne prend aucune mesure pour améliorer la
culture et les mentalités, le pire c'est que je ne sais même pas qui en serait capable, les profs ???? pffff, tu en penses quoi ?
R. R:Le désir d'architecture est plus fort chez les élus que chez les utilisateurs. C'est un des surprenants paradigmes. C'est un lieu commun de noter en outre que l'enseignement aux vertus de l'architecture est quasiment absent. Mais je crois que le mauvais goût générique est anthropologiquement ancré dans la société française. On a cru par égarement politique que le bon goût était l'attribut de la petite bourgeoisie. Ce fut une erreur historique qui contamina toute l'élite de la nation. Par conséquent le goût pour le bel ouvrage disparaissait. La perte des métiers dans l'art de bâtir participe à l'accélération de l'appauvrissement. Le premier combat à mener est la défense de la mémoire des métiers... Si l'on veut espérer réarmer la nécessité du beau.
O. A: Il y a une forme de ségrégation sociale entre le fait d'habiter en bord de mer et donc avec vue mer et dans les terres avec une vue sur son imagination, de la même façon qu'il y a aussi une différence entre vivre dans des tours ou dans des maisons en crépis ! Pourtant à Marseille, Fos et Martigues, les socialistes et communistes n'ont pas hésité à construire des tours et des ensembles avec des vues imprenables.
Sais-tu sur quel modèle nous sommes nous développés ? une ville de bord de mer comme Marseille doit elle se construire de la même façon que Dijon ? j'ai toujours eu l'impression de vivre dans du provisoire.
R. R:Personne ne contrôle le développement urbain. L'urbanisme est une discipline en faillite depuis longtemps. Cependant Marseille est une ville géniale qui fabrique par son grand linéaire de bord de mer des paysages différents : balnéaires, maritimes, portuaires et naturels. Elle a donc cette capacité d'échange et de partage de territoire qui en fait toute sa porosité sociale. Là est le génie de Marseille qui résiste à la laideur comme un boxeur prend des coups sans broncher.
O. A:Lorsque j'enseigne à la villa noailles la photographie, je parle souvent d'architecture, et je commence le plus souvent par demander aux enfants de dessiner un maison, 9 fois sur 10, c'est la même maison que celle que l'on dessine lorsque l'on a 3 ans. Pourtant lorsque je leur demande de fermer les yeux de se projeter dans leur salon et de s'imaginer en face de leur ouverture principale, et bien on se rend compte que ceux qui on le plus de choses à décrire ou simplement d'imagination, ce sont ceux qui habitent dans des tours ! comment peut on expliquer ce phénomène ?
Ils ont pris de la hauteur.
O. A: A ce propos, qui a été choisi pour diriger le plan urbain sur le littoral d'euromed, y a t il eu des échanges, des consultations, comme pour le grand Paris ?
R. R: C'est une grande machine technocratique, mais je ne pense pas s'il y avait eu davantage de concentration qu'il y aurait eu d'avantage d'intelligence.
O. A: Rudy, j'ai une question assez embarrassante à laquelle je n'arrive jamais à répondre : Pourquoi les constructeurs ne font-ils quasiment jamais appel à de grands architectes ? même pour des projets comme grand baie à saint Henri, aux catalans à la place des anciens locaux de la RTM, et sur la plage de l'escale Borely ?
R. R: Qu'est ce qu'un grand architecte ?
Les architectes français sont d'excellents professionnels, mais ils ne font pas ce qu'ils veulent mais ce qu'ils peuvent.
O. A: Enfin, Le Corbusier qui est un génie, a eu pour surnom, le fada, Pouillon a été plus ou moins reconnu l'année dernière avec une première exposition dans une des villes dans laquelle il a le plus construit, Egger est toujours dans l'anonymat, Gaston Jaubert, aucune trace, Zaha Hadid personne ne connaît mais beaucoup critiquent la tour soit disant trop visible ? À quoi est ce que tu t'attends avec le Mucem ? À quelle réputation ?
R. R: Que l'on dise l'architecture du pédé !
Le maniérisme structurel est suspect en France. Nous n'avons pas encore pratiqué la rupture avec la rupture qu'était la modernité elle-même. La modernité est un projet achevé. Être moderne aujourd'hui c'est être Napoléon III par rapport au XVIII ème siècle. Soyons sérieux, seul le maniérisme, synthèse des savoirs, peut être un projet esthétique et politique.
Texte de Christian Lacroix, in La poétique du bord, édition Funny Bones, 2010
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IL Y A DE L'HERBE QUI SE HAUSSERAIT PRESQUE À LA CONDITION DE GAZON, POURQUOI PAS DE PELOUSE DISSONANTE QUI VOUDRAIT FAIRE DIRE QUELQUE CHOSE DE PLUS DOUX ET CITADIN AU CIEL PLOMBÉ DE MER, À LA COLLECTION D'ARBORESCENCES AUTOCHTONES.
PINS, CÈDRES ET TAMARIS EN RAJOUTENT POUR SURLIGNER UNE LATITUDE QUI N'A RIEN DE SEPTENTRIONAL ET ABRITER JUSQU'À LA DISSIMULATION CE QUI POURRAIT ÊTRE UN "MAS", UN "MAZET", UNE "CAMPAGNE".
LA VÉGÉTATION ET LE CIEL RIVALISENT DE SIMAGRÉES MÉDITERRANÉENNES ET DE LYRISME FORCÉ POUR GOMMER AU REGARD UNE SILHOUETTE INDUSTRIELLE QUI N'EN MANQUE POURTANT PAS NON PLUS, DE LYRISME : UN PONT ROULANT ET SOPHISTIQUÉ, ÉDIFICE INDUSTRIEUX COLLÉ CONTRE CES ULTIMES TRACES DE VILLÉGIATURE OU DE REPOS.
ON DIRA QU'IL EST LE "PARAPLUIE" LÀ Où LES VILLAS JOUENT AUX "MACHINES À COUDRE", "FORTUITE RENCONTRE" SUR "LA TABLE DE DISSECTION" DE LAUTRÉAMONT. "TABLE"", "DISSECTION", "FORTUIT", DES MOTS QUI TOMBENT BIEN AU MOMENT DE PARLER D'UN LITTORAL FOUILLÉ, BÉANT, DÉNATURÉ, "CAMPAGNE BATTUE", CHAMPS D'ESPOIRS ET D'EXPÉRIENCES, DE CYNISME AUSSI. DE FASCINATION ET RÊVERIE EXTRÊMES ENFIN.
QUI DE CET ESPACE VERT ARTIFICIEL SINON FALLACIEUX OU DU MONUMENT USINIER MENT LE PLUS, LE MIEUX ?
NOTRE REGARD EST-IL PERVERTI ? SOPHISTIQUÉ (C'EST-À-DIRE MENSONGER) D'EXERCICES LITTÉRAIRES ? FAIT-IL L'AUTRUCHE ? OU S'ADAPTE-IL TOUT SIMPLEMENT ET NATURELLEMENT À CES "POUSSÉES" INFIMES MAIS CONTINUELLES, IRRÉVERSIBLES ?
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QUELS SOUBRESAUTS FONT QUE LA TERRE POUSSE ET S'ÉCROULE COMME SI ELLE AVAIT TREMBLÉ POUR FINIR LÀ, DÉSŒUVRÉE, SIDÉRÉE DE SE RETROUVER LES TRIPES À L'AIR ? EST-CE LE PIN, CONTRARIÉ DANS SON AUGUSTE ÉLAN S'AGRIPPANT DE TOUTES LES SERRES DE SES RACINES POUR NE PAS SOMBRER, QUI PROVOQUE TANT DE CHAOS OU LES ARCHITECTURES SANS FONDATIONS NI FONDEMENTS RÉELS QUI ENTRAÎNENT LE BORD DANS L'ABÎME ?
QUOI QU'IL EN SOIT, VÉGÉTALE OU MINÉRALE, LA CHUTE NE MANQUE PAS DE GRÂCE. ACROBATIE DU CHAMBOULEMENT EN SUSPENS. SAUT DE L'ANGE DU HASARD.
COMME DÉBOULÉS D'UNE FALAISE OU D'UNE CARRIÈRE PLUS HAUT, CERTAINS BLOCS ONT FAILLI ÉCRASER UN CHALET IMMACULÉ QUE DOUBLE UN "HOME SWEET HOME" DE BÉTON BLANCHI. À MOINS QUE LES ROCHERS N'AIENT AU CONTRAIRE OFFERT ET FORMÉ LE PLUS ACCUEILLANT DES NIDS À CET HABITACLE DE FORTUNE.
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IL EST DE PLUS EN PLUS DIFFICILE DE DISCERNER LE POINT FRACTAL Où LA TERRE FERME SE FERA LIQUIDE.
FRONTIÈRE ARTIFICIELLE, VAIN BARRAGE AVEUGLE ET PARANO, LE BÉTON, POUR SÉPARER LA VAGUE DU SABLE, LA CÔTE DES TERRES, LES UNS DES AUTRES, REDOUBLE DE LOURDES PRÉCAUTIONS CONTRE TOUS LES ÉLÉMENTS, FLOTS, CIEUX, FEUX, BOUES.
IL S'OURLE DE BARRES ET GRILLES DE FER, DE ROCS, TABLETTES Où INSCRIRE D'OBSCURS ORACLES, QUAND CE N'EST PAS DE BARBELÉS, VOIRE DE PYRAMIDES EN HERSES POINTÉES, TOUTE UNE MACHINERIE BARBARE ET MÉDIÉVALE POUR D'HYPOTHÉTIQUES BATAILLES DONT ON NE SAIT PAS BIEN SI L'ENNEMI VA VENIR DE L'INTÉRIEUR OU DU LARGE.
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LES VÉGÉTAUX S'AFFOLENT ET PERDENT DE LEUR SUPERBE, ABANDONNÉS PAR LES JARDINIERS DES DIEUX ET DES HOMMES.
LA MER L'HIVER LES BAT EN BRÈCHE, EN OUVRE D'AUTRES AU PIED D'ÉDICULES QU'ELLE ÉVENTRE AVANT DE SE RETIRER, L'AIR DE RIEN, LAISSANT BÉANTES OU GISANTES LES FAIBLES CONSTITUTIONS / CONSTRUCTIONS D'ARCHITECTES URBANISTES PLUS PRESSÉS QUE REGARDANTS, LES ENTRAILLES COMPOSITES, MÉTAL, CIMENT, CAILLOUX, DE BELVÉDÈRES (DEVENUS "MAL-" OU "BRUTTO-VEDERE" !!!) DE PROMENADES RÉVOLUES VOUÉES AU VIDE. PLUS PERSONNE NE S'APPUIE AUX BALUSTRADES PRÉFÉRANT AUX MÉDITATIONS DU SOLEIL LEVANT ET COUCHANT DES DIVERTISSEMENTS PLUS TERRE-À-TERRE
LE FER FORGÉ CHANTOURNÉ D'UN PORTILLON DÉSORMAIS IMMOBILISÉ PAR LA ROUILLE, LES PILIERS À TUILES ROMAINES DÉRISOIRES EN CE DÉSERT, QUI, IL Y A ENCORE UNE OU DEUX GÉNÉRATIONS, BALISAIENT LES PRIVILÈGES DE BONHEURS PRIVÉS DONC CACHÉS, SCANDENT DES TERRAINS DE VACUITÉ ARIDES GUETTÉS PAR LE FEU
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C'EST UN PÉCHÉ D'UBRIS QUE DE VOULOIR DOMESTIQUER, DONC ASSERVIR, CETTE FRANGE DE MER, MÊME LORSQUE, PLANE, ELLE DEVIENT ÉTANGS.
COMME LA FAUNE DE CAMARGUE, VIVACE ET SAUVAGE, LA FLORE A SON CARACTÈRE ET REDOUBLE DE VIGUEUR LORSQU'ON LUI IMPOSE LE CIMENT COMME SECONDE PEAU. ELLE RAMPE COMME LES RESCAPÉS HORS DES DÉCOMBRES APRÈS UNE CATASTROPHE.
MÊME RACLÉ JUSQU'À L'OS, NIÉ, LE RIVAGE RESPIRE, EXSUDE COULEURS ET ODEURS, DÉLICATES ET HERMÉTIQUES COMME L'ENCRE DES CALLIGRAPHES, L'ÉCONOMIE DES HAIKUS. COMPOSITIONS QUI PEUVENT ADMETTRE UN MINIMUM D'ARTIFICE. COMME UN CUBE DE BÉTON BIEN MIEUX DESSINÉ SENS DESSUS - DESSOUS, CONTREPOINT NET ET PRÉCIS À CES PAYSAGES DE NAISSANCE DU MONDE ARASÉS, LABOURÉES SANS SEMENCE, RETOURNÉES SANS CESSE EN MUTATION, CES PAYSAGES NOUS PARLENT EN HIÉROGLYPHES INDÉCHIFFRÉS, SUGGÈRENT EN SILENCE D'AUTRES MESSAGES Où LES FORCES CHTHONIENNES, PLUS FORTES QUE TOUTES LES AVANIES ET TOUS LES OUTRAGES TEMPORELS, SORTENT VAINQUEURS.
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LE CABANON A SES BONHEURS ET SES AFFLICTIONS, SES FORFAITS SELON QU'IL VIBRE À L'UNISSON DE LA CRIQUE, DU ROCHER, DE LA PINÈDE OU S'INSCRIT EN FAUX, ARCHI-FAUX, À CONTRESENS DE TOUT.
LE GESTE DE CONSTRUIRE EST UN DES PLUS CÉLESTES PUISQU'IL SUPPOSE DE RIVALISER AVEC LES DIEUX. ET DES PLUS GRAVES. NON PAS AU SENS DE "SÉRIEUX", CAR CE COUP DE POUCE (OU D'ONGLE) À LA NATURE PEUT ÊTRE FRAPPÉ DE FANTAISIE, DE FOLIE, D'ESPRIT. JE VEUX DIRE PLEIN DE CONSÉQUENCES.
INCONSÉQUENTS ET PRÉSOMPTUEUX SONT CEUX QUI NE REGARDENT PAS OU ILS METTENT LEURS PÉNATES, NE S'ASSOCIENT PAS AUX ÉLÉMENTS, NI NE LES APPRIVOISENT, NE CONVERSENT PAS AVEC EUX POUR VIVRE MIEUX ENSEMBLE.
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Y A-t-il AMNISTIE POUR CEUX QUI COMMIRENT LE PIRE DURANT LES CINQ OU SIX DÉCADES ÉCOULÉES ?
UN TRÈS KITSCH MASSIF DE "ROSEAUX-PLUMETS" SEMBLE VOULOIR INTERCÉDER EN FAVEUR DE TOUS LES APPRENTIS-SORCIERS DE PLUS OU MOINS BONNES FOI ET VOLONTÉ QUI ONT ENCRASSÉ SABLE ET ROCHERS D'UNE ARMADA DE COMPLEXES PÉTROCHIMIQUES OBSOLÈTES AVANT MÊME D'ÊTRE ACHEVÉS.
ON A BEAUCOUP ŒUVRÉ POUR EXTRAIRE DE CES SPECTRALES CATHÉDRALES LEUR SUBSTANTIFIQUE MOELLE POéTICO-CINÉMATOGRAPHIQUE, MERVEILLEUX ENFER ÉCLAIRÉ LA NUIT DE FLAMMÈCHES VERTES, BLEUES ET ROUGES COMME UN VAISSEAU FANTÔME. ENFANT J'EN ÉTAIS FIER : MON PÈRE Y AVAIT CONTRIBUÉ !!! AUJOURD'HUI ON AIMERAIT QU'ELLES S'ÉVANOUISSENT COMME LES MIRAGES DE CHALEUR À L'HORIZON DES PLAGES DE L'AGACHOLE ET BAUDUC. MAIS POUR UN BON MOMENT LE SABLE NE RESPIRERA PLUS SOUS LA CHAPE QUI L'OPPRESSE, SÉPULTURE DE BÉTON ÉTANCHE, AVEUGLE.
ET À LA MORTE SAISON RIEN NE RESSEMBLE PLUS À UNE RAFFINERIE EN DÉSHÉRENCE QU'UN PARC D'ATTRACTION(- RÉPULSION) À L'ABANDON
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IL Y A AUSSI LES CARAMBOLAGES DE STRATES URBAINES, LES REPLIS - RELIEFS D'UNE ARCHÉOLOGIE "PERPENDICULAIRE", UNE MÉMOIRE À CIEL OUVERT, Où SE TÉLESCOPENT ET S'ENCHEVÊTRENT TOUTES LES GÉNÉRATIONS DE BÂTIS MANGEURS DE MER ET DE RIVAGE.
LÀ Où NAQUIRENT DES CIVILISATIONS QUI RESTENT ENCORE LES NÔTRES, HORMIS QUELQUES MONUMENTS SACRÉS, PRESQUE PLUS RIEN NE SUBSISTE DES PREMIERS ÉMOIS DU MONDE, DE L'ARCHITECTURE INTELLIGENTE ET SIMPLE DES PREMIERS VENUS OU NÉS LÀ, QUI SAVAIENT JOUER DES VENTS COMME DES COURANTS D'AIR, DES MATÉRIAUX NATURELLEMENT OFFERTS PAR CES RIVAGES, COMME DE LA COURSE DU SOLEIL, DU RÉSEAU DES SOURCES. PRESQUE RIEN DES CABANES EN "SAGNE", ET MÊME RIEN, NON PLUS, DES UTOPIES ET PÂTISSERIES "BELLE-ÉPOQUE".
CAR IL Y EUT DES FOLIES COMPOSITES, DES PASTICHES ORIENTALISTES, DES MANOIRS ETRUSCO-HELLENISTIQUES, DES PALAIS ROMANS, DES TOURS GÉNOISES, QUELQUES COLOMBAGES BASCO-NORMANDS ÉCHOUÉS LÀ.
PUIS CE LITTORAL S'EST DONNÉ ALIBI ET BONNE CONSCIENCE EN RÉPÉTANT À SATIÉTÉ JUSQU'AU CONTRESENS ET AU BARBARISME L'ARCHITECTURE DE BÉTON SI PERTINENTE À HYÈRES MAIS SI POLLUANTE LORSQU'ELLE EST COMMISE À L'ÉCONOMIE SANS LE GÉNIE D'UN MALLET-STEVENS. QUAND CE N'EST PAS CELLE DES CRÈCHES PROVENÇALES, AGRÉGAT DE TOUS LES FOLKLORES LES PLUS AMNÉSIQUES.
VESTIGES ANTIQUES ET CIMENT ARMÉ FONDUS DANS LA MÊME GANGUE, LA MÊME CROÛTE, CONÇUS PAR L'URGENCE ET LA NÉCESSITÉ EN UN TRISTE COÏT DE CONVENANCE SANS LE TEMPS NI L'ENVIE, NI MÊME LE SOUCI OU SURTOUT LE TALENT D'UN QUELCONQUE PROJET, DU MOINDRE DESSIN. LE LITTORAL ÉTOUFFE EN DESSOUS, RESPIRE UN PEU D'AIR AU TUYAU D'UN PALMIER, SOUFFLE À TRAVERS QUELQUES BUISSONS D'HERBE EN POUSSIÈRE.
LE VIADUC JOUE LES AMPHITHÉÂTRES GALLO-ROMAINS ET TELS ESCALIERS FATIGUÉS DE VILLAS DÉCRÉPITES SE PRENNENT POUR POMPÉÏ.
DANS CES "HERCULANUM" DE PACOTILLE QUI EN ARRIVENT À PARODIER VEGAS, ON SE JOUE L'AIR DU BORD DE MER SANS VRAIMENT Y CROIRE, LA CHANSON DES VACANCES, LE «TUBE DE L'ÉTÉ" DANS UN DÉCOR DE CINÉMA SANS FOND NI RÉALITÉ, UN LUNA PARK Où PARQUER LES RÊVES OUBLIÉS DE CEUX QUI NOUS ONT PRÉCÉDÉS, PLEIN D'ESPOIRS ET PROJETS, UN IMMENSE STUDIO INCULTE DE WESTERNS GRECS JAMAIS TOURNÉS, DE PÉPLUMS ESPAGNOLS EN BANQUEROUTE D'OÙ ÉMERGENT UN PARASOL, UNE ENSEIGNE BORGNE, UN BAC DE GRAVIER.
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NO MAN‘S LAND DE CLÔTURES ET BARRIÈRES SUCCESSIVES.
AU POINT DE NE PLUS SAVOIR DE QUEL CÔTÉ EST L'INTERDIT.
CADENAS SE REFERMANT SUR D'AUTRES SERRURES COMME SI ON VOULAIT METTRE LA MER EN CAGE.
D'OCTOBRE À MAI ELLE S'EN ÉCHAPPE ET PASSE OUTRE, SE REFAIT UNE TOILETTE, DÉLAVE LES PLAGES DE LEURS SCORIES, ENVAHIT MÊME LES RUES JUSQU'AUX ABORDS DES MAISONS COMME PAR VENGEANCE, DE BONNE GUERRE, LES RENDANT AU SABLE ET À D'AUTRES ÉPAVES VENUES DE LOIN.
MAIS D'UN BOUT DE L'ANNÉE À L'AUTRE ON A BIEN DAVANTAGE L'IMPRESSION QUE C'EST, À L'INVERSE, TOUT UN LITTORAL, TOUTE UNE RÉGION POUR NE PAS DIRE TOUT UN PAYS QUI PAR VAGUES DE PLUS EN PLUS OSÉES FRAPPE LA MER EN BOUTOIR, S'Y DÉVERSE ET Y VOMIT SURPLUS ET BASSES ŒUVRES
C'EST UNE FRICHE SANS FIN, UN CHANTIER PERMANENT OU LE PROVISOIRE PEUT S'INSCRIRE DANS L'ÉTERNITÉ, LAISSANT À PEINE INDEMNES LES ÎLES QUI, POUR ÉCHAPPER AU MASSACRE FONT SEMBLANT DE DORMIR EN IMITANT LES MORTES.
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PAR-CI PAR-LÀ UN HUMBLE MIRACLE : L'ABRI LE PLUS PRÉCAIRE, LE PLUS VOLATIL, LE PLUS INSPIRÉ AUSSI, UN DRAPÉ ET UN DRAPEAU, UNE BARRIÈRE INOFFENSIVE DE MÉTAL ET PLASTIC, UN ÉCRAN DE CANISSES, BIEN PENSÉ.
OU CETTE LIGNE CONTINUE DE CARAVANES HERMÉTIQUES COMME AU TEMPS DES CHARIOTS, DES PIONNIERS, RELIÉES DE PANNEAUX, DE PORTES MOULURÉES RÉCUPÉRÉES POUR UNE SECONDE VIE
AILLEURS, DEUX OU TROIS VESTIGES RÉCENTS, HÉTÉROCLITEMENT SOUDÉS PAR LA GRÂCE DU HASARD, ESTAMPILLÉS D'UN TAG SURDOUÉ, DOTÉS PAR LE TALENT INVOLONTAIRE D'UN URBANISTE DISTRAIT, DE QUELQUES BANCS À L'ORIENTATION INCONGRUE, FONT SURGIR UNE ÉTRANGE INSTALLATION, UN DÉCOR DE THÉÂTRE CONTEMPORAIN, MÉLANCOLIQUE ET SI ÉVOCATEUR
PARFOIS LA FALAISE ET L‘ÉCLAIR D'UN PONTON DE BÉTON QUI LA ZÈBRE FONT UN PACTE RÉUSSI.
LA TERRE S'ANKYLOSE DE TROP DE CONSTRUCTIONS, LE SABLE S'ANESTHÉSIE À FORCE DE TERRASSEMENT, LA CÔTE SE PARALYSE ET LE ROCHER AFFLEURE COMME UN DINOSAURE À DEMI ENSEVELI SUR LEQUEL VIVRAIT UN MONDE DE LILLIPUTIENS BARRICADÉS
DANS UNE HOULE DE MAUVAISES HERBES TANGUENT DES LOTISSEMENTS EN PÉRIL SOUS LA NEIGE D'INFIMES PARTICULES. CES TERRAINS VAGUES LÀ ÉCHAPPENT À LA CÔTE, DEVIENNENT CITADINS, DE PARTOUT ET DE NULLE PART, LOIN DE CET ELDORADO QUE FURENT BORD ET BAINS DE MER AU SIÈCLE DERNIER.
PAR-DELÀ TOUT CELA RÈGNENT ENCORE L'AZUR ET LE BLEU, LE CIEL ET L'EAU INCOMMENSURABLES D'OÙ NAQUIT LA TERRE : TOUS POURRONT SANS DOUTE RETROUVER LEURS DROITS. CE N'AURA PEUT-ÊTRE ÉTÉ QU'UN PASSAGE, UN ÉPISODE.
LORSQUE LA MER SANS MARÉE VA ET VIENT, MONTE ET DESCEND IMPERCEPTIBLEMENT, L'ÉCUME LA PLUS AUDACIEUSE, UNE FOIS RETIRÉE, LAISSE SUR LE SABLE HUMIDE UN MINCE FESTON,
UNE FINE GUIRLANDE, DES SINUSOÏDES DE FÉTUS, BRINDILLES ET ALGUES MORTES, MINUSCULES SQUELETTES EN DÉSORDRE ET COQUILLES CASSÉES, D'INFIMES DÉBRIS INDÉCHIFFRABLES, DE DÉJECTIONS DIVERSES, COMME UN FRÊLE CHEMIN, UNE BANDE INFINIE OURLANT LE SABLE CHAUD, À L'ÉCART DE L'EAU CLAIRE, UNE LIGNE BIEN PRÉCISE, DESSINÉE, FRONTIÈRE EN POINTILLÉS DÉSORDONNÉS ENTRE DEUX ROYAUMES
C'EST AINSI QUE JE VOIS, "D'AVION", LA CHAÎNE DE CES IMAGES, LE REMPART DE CES PAYSAGES, AVEC RECUL ET HAUTEUR : UN ÉTROIT BRIC-À-BRAC DÉBORDANT Où SERPENTAIENT JADIS LES SENTIERS DE CONTREBANDES ET LES CHEMINS DE DOUANIERS;
LE POINT DE RENCONTRE DE TOUT CE QUE REJETTENT ET LA MER ET LA TERRE, AVEC LA VIOLENCE D'UNE COLLISION FRONTALE.
UNE HAIE D'HORREUR ET AUSSI DE TENDRESSES.
UN COULOIR MALMENÉ ET MAL AIMÉ CAR IL EST À TOUS ET À PERSONNE, CABOSSÉ COMME TOUT CE QUI CHUTE ET NE PEUT ALLER PLUS LOIN,
MAIS RÊVEUR AUSSI COMME UN INVENTAIRE À LA PRÉVERT, STIMULANT COMME L'ART BRUT
EN AVANT, LA MÉDITERRANÉE ÉBLOUIT ET FAIT OUBLIER TANT DE TRIVIALITÉS, ENGLOUTIT TOUTE VICISSITUDE
ON N'Y VOIT EN TOUT CAS PLUS QUE DU BLEU ET NE SERAIT PAS SURPRIS D'Y ASSISTER À LA RE-NAISSANCE DE VÉNUS. TANDIS QU'À L'ARRIÈRE LES "BOUCHES DU RHÔNE" SAVENT DÉROULER LE TAPIS VERT DES ESPACES IMMÉMORIAUX, EMBRASSER LES CITÉS MILLÉNAIRES CERTES ATTAQUÉES MAIS PLUS RÉSISTANTES OU MOINS CONVOITÉES QUE CE COULOIR SATURÉ OSCILLANT ENTRE EDEN ET ÉGOUT, CLOAQUE ET RÉSERVES PARADISIAQUES.
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