Clara PERREAUT 

Clara Perreaut

Clara Perreaut est sculpteur, résolument sculpteur.
Avec une aiguille et un arc à souder, elle envahit l'espace de formes, d'univers plastiques paradoxaux, dont la clef laisse volontairement songeur tant y sont explorées des parts symboliques de nos inconscients.
Créations hybrides, ses installations narratives sont le règne troublant de l'équivoque, de l'ambivalence...

Ses pièces, comme ses interventions ­ assemblages virils, soudures ou coutures minutieuses et précieuses -, investissent singulièrement le champ du masculin et du féminin et, dans une érotisation sensible du regard, se crée avec l'oeuvre une relation ambiguë et confuse de désir et de plaisir, d'attraction-répulsion. au travers d'un univers formel de cadavres exquis si cher aux surréalistes.

Dans cette mise sous tension réactive, le spectateur aimanté se voit souvent comme mis à distance par l'oeuvre qui impose irrésistiblement ses marques et l'entraîne sur des terrains glissants qui interrogent notre rapport au monde, à la nature, à l'altérité... glissants car l'oeuvre procède souvent du piège.
Non sans humour ­ un humour sucré salé, aigre-doux voire parfois plus foncièrement noir ­ elle nous capte et nous attire vers des terrains minés, contaminés, où la beauté rejoint alors celle chantée par Maldoror de Lautréamont:

« (...) beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure; ou plutôt, comme ce piége à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie!»
(Maldoror, VI, Roman (I))-

Une forme du monstrueux surgit ainsi jusque dans ce rapport étrange instauré par l'artiste aux objets.


Sidonie-Cyrille Poncet-Leroy, juin 2006 (extrait)