Le mythe de la Fontaine de Jouvence constitue une allégorie poétique décrivant l’effet de rajeunissement propre a la passion amoureuse. La sculpture Jouvence s’y réfere explicitement pour donner une image a cet art de la distance érotique. Ici deux minerves médicales assemblées dessinent une vulve disposée a l’horizontal, dans une certaine mesure offerte, a peine éclose ou prete a déflorer. Brodées de perles, elle exhibe ses atours de jeune fille en fleur, non sans esquisser une référence subtile au collier de perle comme pratique sexuelle. L’utilisation du matériel médical nuance néanmoins cette charge sensuelle pour introduire entre l’œuvre et le spectateur une distance hygiénique. Les colliers cervicaux, aussi immaculés que stérilisés, renvoient alors a l’image d’une purification romantique qui fait jeu égale avec la sacralité des reliques. On peut d’ailleurs y déceler sans mal le souvenir d’une conque qui convoque l’imaginaire d’un bénitier ou celui de la Venus de Botticelli, au cœur d’une tension entre deux voies interprétatives : référence chaste a un objet liturgique, elle autorise aussi sa lecture comme allégorie d’une femme-fontaine.